Un cérémonie à la mémoire du défunt

 Chez les bamilékés de l’ouest Cameroun, il est de notoriété publique que « les morts ne sont pas morts ». Ils continuent de vivre au sein de la communauté, leur âme est là et veille sur les vivants. D’ailleurs vous diront-ils, ces morts, généralement les ancêtres n’hésitent pas à punir quand il le faut, ou quand vous transgresser une coutume. Pour célébrer ces morts les bamilékés de l’ouest Cameroun organisent les funérailles, un culte pour leurs ancêtres.

Les funérailles, une cérémonie ancrée qui traversent le temps.

Depuis la nuit de temps, les bamilékés de l’ouest du Cameroun ont toujours honoré leurs morts. Certains historiens disent que cette tradition leur vient de l’Egypte pharaonique, qui eux aussi adoraient leurs morts. Durant la traversée pour s’établir au Cameroun, les bamilékés auraient donc conservé ce culte. D’ailleurs il existe bien de nombreuses similitudes dans la façon de faire des deux peuples. Très respectueux des traditions et de l’organisation sociale de la communauté, les bamilékés pérennisent ce culte que l’on voue aux morts. 1, 2, 5, 15 ans et même plus, après le décès d’une personne, un adulte le plus souvent, la famille se réunie pour organiser les funérailles. Les coutumes exigent aux vivants descendants ou proches du défunt d’organiser ces funérailles. Que vous ayez connu le mort ou pas, votre seule appartenance à la même famille vous y obligent. Ainsi, les familles vont se réunir, décider de la date, du lieu (généralement au village) du site qui est le plus souvent le domicile construit par le défunt ou son époux (si c’est une défunte), les contributions, le déroulé, bref tout est réglé.  

​Les funérailles, entre danses, costumes et agapes.

Durant les funérailles qui commencent avec une pratique cultuelle très sacrée (exhumer le crane du défunt pour le mettre à l’abri dans une maison), les groupes de danse invités ou auxquels appartenaient le défunt rivalisent d’adresse sur le site. Dans des costumes toujours plus élaborés et parés de toutes sortes de décorations, les danseurs battent le sol au rythme des tambours, tam-tams, castagnettes, balafons et autres instruments de musique. Masques sur les visages et têtes couvertes, les danseurs vont et viennent dans un rythme saccadé, s’approchent du spectateur, et parfois l’invite à danser. Plus loin c’est un des proches du défunt qui tirent des coups de feu en l’air pour exprimer sa joie et montrer ainsi sa puissance.  Selon l’importance du défunt, des groupes de danses dont la réputation mystique ne souffre d’aucune contestation font leur apparition.

​Ils sont entièrement masqués et dansent de façon très saccadée. On les appelle le « kounga’à » chez les bafang. Ils sont capables de vous jeter un sort, ou même de planter un rejeton de bananier, le faire pousser et le récolter à l’instant. Leurs danses patrimoniales sont un cérémonial bien couru. Ils sont vêtus d’un ensemble fait tantôt de paille, de cheveux, de cauris, de crane d’animaux. Le visage est entièrement masqué. Votre ami peut être un d’entre eux sans que vous le sachiez, c’est une société sécrète comme il en existe beaucoup dans les sociétés bamilékés.  Les funérailles c’est aussi le moment des grandes réjouissances. C’est la fête. Repas et boissons coulent a flot. Tout le monde y est invité, selon les familles, chacun peut manger à sa faim ou pas. On distribue, on ne regarde pas à qui on donne, on est généreux, on partage pour saluer la mémoire du défunt.  Si vous souhaitez participer aux funérailles dans la région de l’ouest Cameroun, la bonne période c’est entre décembre et avril.​​